Je n’oserai pas avouer avoir quelque peu orienté le choix de Kayla vers ce livre “…le grand livre avec des images…”, voir article précedent. L’objectif était en effet de faire un beau livre en cuir avec mosaïque.
Le livre en question est une édition Hetzel que m’a donné mon ami Bertrand, livre sans couverture et couture lâche, avec quelques gravures flottantes

La préparation a donc consisté à refaire le corps d’ouvrage : nettoyage des pages, collage des gravures sur onglets, couture traditionnelle, cartons.

Michel Strogoff

Il fallait choisir une image correspondant au sujet et les résultats de la recherche sur Google m’ont amené plusieurs suggestions. Le choix s’est porté sur une magnifique couverture de bande dessinée de chez Glénat. Merci à Daniele Caluri, le dessinateur italien qui j’espère ne m’en voudra pas.

Grosse utilisation de Photoshop :

  • extraction de l’image
  • création d’un nuancier de couleurs
  • taille de la zone de travail pour tenir compte du dos, des 2 couvertures avant et arrière, des remplis et des charnières
  • remplissage des zones vides avec dégradé sur le ciel
  • filtres Photoshop pour simplifier le dessin, afin qu’il soit réalisable en mosaïque à mon niveau de débutant

La question suivante : comment fait-on ?

1- la teinture : pour rester dans les matières qui tiennent sur le cuir, je prends les teintures Kniazeff que j’utilise déjà pour les reprises de teinte des livres anciens. Il faudra choisir les bonnes couleurs.

2- le cuir : la présence des couleurs claires m’oblige à prendre un cuir clair naturel et pour accrocher les teintures, un cuir aniline, que je trouve chez Alran : chèvre d’Alembert, très bonne qualité, sans grain, ce qui me permetra de faire un dégradé.

3- mode opératoire : utilisation d’un aérographe – petit modèle – pour éviter les marques de pinceau. De plus, c’est obligatoire pour faire le dégradé.

4- découpage des pochoirs pour chaque couleur

Plusieurs essais sur papier blanc pour la prise en main de l’aérographe : débit, distance, dégradé, tests de couleur pour se rapprocher du dessin d’origine et trouver le bon mélange des teintures

Simplification des bandes et reprise de découpe des pochoirs pour faciliter la projection en tenant compte des mosaïques qui viendront par dessus

Je me lance en respectant le principe appliqué en aquarelle : du plus clair au plus foncé….avec quelques surprises :

  • impossible de faire du gris à partir de la teinture à l’eau sur un cuir aussi clair soit-il. Je reste dans le marron clair naturel. La prochaine fois, j’essaye l’acrilique avec quelques interrogations sur la consistante de la peinture pour passer dans l’aerographe; pas sûr que ça marche !
  • erreur majeure sur le dégradé lors du passage du noir : j’ai protégé le violet avec un carton qui a coulé… on voit clairement la marque, erreur de débutant
Objectif de teinture
Chèvre d'Alembert naturel avant découpe et parage
Cuir en cour de séchage

Le choix définitif des couleurs sera reproduit sur les tranchefiles brodées en soie, 4 couleurs

 

 

Après découpe des 2 bandes pour les charnières, découpe du cuir et parage

Couvrure selon le processus standard

  • pose du cuir
  • coiffes
  • remplis
  • charnières
  • comblage
  • gardes en lokta

On s’attaque à la mosaïque

Mon expérience est très limitée et j’opte encore pour une technique Blanchet Saint-Jean – lien vers le tutoriel sur YouTube – 

4 mosaïques : Strogoff, la ville, les soldats et les flammes qui seront complétées par la neige et les branches mortes réparties sur les 2 plats et le dos.

Préparation habituelle : calques, reproduction des pièces, choix des recouvrements

Choix des couleurs en fonction des cuirs disponibles au Club.

Quelques difficultés

  • Strogoff : les petites bandes noires difficiles à poser, en particulier sur la couverture enroulée
  • la ville : j’ai finalement remplacé les reflets argentés par de la peinture argent, celle que j’utilise dans les retouches de cartonnages d’éditeurs en percaline
  • les flammes que je ne pourrai découper qu’après avoir collé les autres mosaïques sur le livre pour s’ajuster aux contours
  • la neige : le cuir est très fragile, difficile à parer, la chair est molle et la fleur peluche
  • et plein d’autres encore
et pour finir, la pose des brindilles autour de la neige, et l’incrustation avec un sertisseur
 
Globalement, je suis content mais ayant le nez sur le livre, je ne vois plus que la marque du carton au milieu du dégradé du ciel…. dommage. Francine me dirait : “Il faut tout  recommencer !” mais vos commentaires sont les bienvenus.
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