Pour correspondre au contenu et à la structure finale du livre, le pélerinage se fera à La Mecque et le pélerin parlera français ou arabe. Il pourrait venir du Moyen-Age, peut-être du Portugal où il aura trouvé ce livre, déjà restauré au 15ème siècle avec des décorations plus “modernes”……

Il est clair que la structure est un mélange de plusieurs époques pour réaliser un pur pastiche, et que les puristes mediévistes me critiqueront pour ces choix……

Ceci dit, je me suis bien amusé en mettant en oeuvre plusieurs techniques apprises avec différents maîtres relieurs.
Voici donc la description de mes réflexions au fur et à mesure de la réalisation. Je ne raconte pas tout ce que j’aurais dû faire pour rester déontologiquement correct et synchrone…..

Mais pour en savoir plus sur les livres de ceinture, cliquer ici

Mes sources d’inspiration
Merci à tous les 2

Morgane Pieters d’Amiens

1-Choix du Livre
La tranchefile islamique ou arabe me pousse vers un Coran, le plus décoré possible avec une belle calligraphie et tant qu’à faire bilingue. L’achat sur Internet se fait par quantité de 100, mais il existe une petite boutique à Grenoble.
Belles tranches dorées un peu kitch, qu’il faudra estomper.
Le démontage est assez facile mais le papier est très fin, similaire aux fameuses bibles de Jérusalem.

2– Couture
J’ai voulu reproduire une couture en chevrons comme pour une structure byzantine et cette fois, la laisser apparente. Mais les cahiers sont trop fins pour réaliser un beau chevron. Je fais une couture sur 3 lanières cuir, sur 2 cahiers pour éviter de faire monter le livre.
Puis lanières fendues sur l’épaisseur du livre, je fais une décoration pour simuler une couture sur double septains. Pas de chevrons cette fois-ci.

3-Plaçure
Le style mediéval impose des aies en bois. Je retrouve mes reflexes byzantins mais avec une variante liée aux lanières cuir. On est dans la structure occidentale romane avec des trous de passures pour lanières plates et blocage des lanières par des chevilles en bois.

4- Tranchefile arabe
Inspiré par mon stage à Forcalquier, j’intégre une tranchefile arabe, je choisis les couleurs rouge et jaune car le vert islamique ne va pas trop avec le cuir.

5-Couvrure
Pour réaliser la boule de la ceinture en queue, il faut au moins 60cm de cuir. J’ai donc choisi une chute de cuir de parage. Quand Yann Bonanni m’a paré à 5/10° une très grande peau de chèvre d’Alembert de 15/10° environ, il m’avait rendu la partie de chair de presque 8/10° en un seul morceau. J’ai donc à disposition une bande de 80cm x 46cm en chair des 2 côtés. 

Préparation des coiffes en comblant les espaces entre les fils de passe des batis arabes avec des chutes de chair.

Encollage du cuir en laissant une partie non collée à l’aplomb du dos, pour pouvoir la découper ensuite de l’extérieur… avec un petit trou pour passer la pointe des ciseaux sans abimer le bois;
Les remplis de tête et de queue ne sont pas encollés.

Découverte du dos pour laisser apparaître les coutures. Quand je coupe le cuir, je n’entaille que la moitié de l’épaisseur et je déchire le cuir pour éviter une coupe trop franche.
Simulation de déchirures “de vieillesse” avec coutures. 

6-Tranchefile Oreille
Ici encore, on mélange les styles, les oreilles n’apparaissent qu’au 15ème siècle et ce sont essentiellement des décorations occidentales.
Découpe du cuir de l’oreille.
Petite difficulté sur les oreilles car le fil est fin. Les chevrons apparaissent difficilement. D’autre part, les points de passe sont plus rapprochés et pour éviter des découpes du cuir en timbre poste, j’ai dû faire 2 rangées radiales, une pour le rouge et une pour le jaune. Enfin, j’ai dû faire 4 passages de fil dans le même trou de passe, alors que la théorie n’en fait que 2.

7-Couture des remplis de tête et de queue
Utilisation de gros fil chinois.

8-Façonnage de la ceinture
Trouver une boule en bois. Le positionnement de la boule ne doit pas empecher l’ouverture totale du livre, sachant que son objectif principal est de pouvoir passer sous une ceinture pour laisser pendre le livre pendant le pélerinage… en attendant de lire quelques sourates. Le livre accroché doit être bien équilibré.

Mouiller le cuir pour l’assouplir et ainsi mieux épouser la forme de la boule n’a pas servi. J’ai fini par le coller et faire une ligature cachée par un ruban de cuir.

Par chance, la boule possède une saignée circulaire, que j’ai remplie avec un septain. Dans le même style, j’ai donc fait une tresse en macramé à 4 branches avec le septain et terminé par un noeud en cuir.

Après vérification, découpe des excédents de cuir

9-Remplis de tête et fermoir

Les remplis de tête étant cousus, ils prennent la forme assez facilement.
Mise en place d’un ergot en bois sur le plat pour accueillr le fermoir.
Découpe du cuir pour la fermeture avec oeillet en cuir, couture et vieillissement.

10-Décoration finale
Clous de tapissier.
Vieillissement avec un peu de graisse, traces de doigts sur les tranches, taches d’huile sur le cuir, un peu de terre pourrie pour rappeler que le livre a déjà fait 3 ou 4 pélerinages….

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