
Tout a été réparé : papier, couvrure, dos....
Ce recueil de fables choisies de La Fontaine a été utilisé par l’arrière grand-mère d’une amie, Virginie.
Peut-on réellement réparer quelque chose ? En fait, si on passe du temps et que l’objectif principal est de faire plaisir au “commanditaire”, tout est possible quand il nous laisse quartier libre.
Un examen détaillé de l’ouvrage s’impose et on n’est pas déçu du voyage. J’ai même l’impression que l’arrière grand-mère n’est pas seule à l’avoir utilisé… les souris peut-être, des ouvriers les mains pleines de graisse ou des agriculteurs, les mains pleines de terre ou de boue….mais aussi des marchands de rubans de scotch à voir la quantité retirée

Pas trop le choix, il faut tout démonter
- couvertures, cartons, le dos ou ce qu’il en reste
- les cahiers
- retirer le scotch
- faire l’inventaire des pages manquantes
- etc…
Quelques problèmes rencontrés :
- il faut retrouver l’édition car il manque beaucoup de pages et les pages de couverture sont illisibles
- le scotch adhère bien, j’utilise de l’acétone mais elle tâche les pages. Il faudra les laver
- les cartons sont inutilisables
Recherche de l’édition
Le travail a été très interessant et fastidueux car en plus il manque les pages de titre…
Les textes sont indechiffrables à l’oeil. J’ai donc pris la photo de la couverture et j’ai joué avec Photoshop pour modifier les contrastes, les plages de couleurs…. et quelques lettres sont apparues en particulier :
- “…à l’usage de la jeunessse…”
- “… Paris…”
- ” Librairie … DO…”
- “LA….AN….”
- “…rue…”


Recherche sur Gallica
… Librairie Théodore Lefevre
— La Renaissance, éditeur qui a racheté la librairie Lefèvre, ce qui permet de dater le livre autour de 1905
et finalement sur Abebooks, libraire antiquaire en ligne, livre que j’ai acheté pour prendre les couvertures et les pages manquantes.

Démontage du livre
Il est clair que les pages de couverture n’étaient pas destinées à être remises en état. Je les ai gardées pour la mémoire en prévoyant de les reintégrer parmi les pages de garde.
Surprise lors de la séparation des cartons : pour conserver la contre-garde avec les ex-libris même partiels, j’ai gratté le carton mouillé par le recto et j’ai découvert les pages de titre d’origine collées sur le verso……
Nettoyage des pages dans la baignoire et séchage



Assemblage “classique”
- réparation des feuillets et des fonds de cahiers
- encartage avec les pages manquantes remplacées
- couture
- tranchefiles






Couvrure
J’ai finalement réalisé un mix entre emboitage comme les livres en percaline, ou Bradel, ou BD.
La couverture a donc été faite avec des nouveaux cartons, le dos en cuir retroussé – il s’agit en fait de l’épaisseur chair que Bonnani m’avait renvoyée en parant une peau entière à 4 mm.
Les pages de couverture sont celles du livre acheté d’occasion.
Emboitage classique
Et le résultat est là.


3 commentaires
Les 2 dernières générations te disent un grand merci Emmanuel !
Et je suis sûre que les 2 premières en feraient de même 😉🙏
Super Emmanuel, tu es vraiment doué. Bravo
C’est un travail d’archéologue quand il y a plusieurs couches et qu’on découvre des couvertures cachées!