Grands conflits poussés par l'idéologie et la puissance

La Russie vient d’envahir l’Ukraine. Pour essayer de comprendre, je me suis lancé dans une analyse des conflits internationaux dans lesquels l’URSS puis la Russie se sont impliqués.

Sont décrits de manière simplifiée les conflits principaux depuis la fin de la 2ème guerre mondiale, dans lesquels sont intervenus soit l’URSS puis la Russie, soit les USA directement ou sur résolution de l’ONU, ou l’OTAN.

Ils sont décrits de manière factuelle et sans interprétation et forment une étape importante pour comprendre le monde russe et la manière dont son gouvernement intervient dans les conflits internationaux.

RFA-RDA – 1949

Dès la fin de la 2ème guerre mondiale avec les accords de Postdam, commencent les conflits entre les 2 grandes puissances avec le partage de l’Allemagne et la gestion des 4 zones

  • 1945 – création de 4 zones : USA, France, Grande-Bretagne et Russie
  • 1946 – les USA et la GB décident de fusionner leurs zones
  • 1948 – la zone française est fusionnée, création d’une union monétaire avec le DM et blocus de Berlin par l’URSS levé en 1949, refus par l’URSS de signer le plan Marshall
  • 1949 – création de la RFA suivie de la création de la RDA par l’URSS : article
La RDA est ainsi rentrée dans la sphère d’influence de l’URSS.
 
La création du rideau de fer commencera en 1952 et le mur de Berlin lui-même en 1961.

Guerre de Corée – 1950

La Corée était un protectorat japonais depuis 1905. Lors de la conférence de Postdam en 1945, il avait été convenu que les troupes japonaises situées au Nord se rendent aux Soviétiques et celle du Sud aux américains. Ce qui fut fait lors de la capitulation du Japon en aout 1945.

En 1948, sous la surveillance de l’ONU, les gouvernements respectifs du Nord et Sud furent « élus » et les 2 républiques furent proclamées, puis les troupes étrangères démobilisées. Chacun des 2 leaders souhaitait réunifier les 2 Corées sous leurs idéologies respectives.

En juin 1950, la Corée du Nord envahit le Sud avec l’autorisation de l’URSS et de la Chine – la responsabilité du début de conflit est encore partagée. La Chine a peur de voir les USA revenir en Asie et l’empêchant ainsi d’attaquer Taiwan.

En secours à la Corée du Sud et après résolution de l’ONU, les forces de l’ONU reprirent le Nord jusqu’à la frontière chinoise. La Chine intervient en renfort du Nord, appuyée par l’aviation soviétique. Ainsi plusieurs aller-retours avant d’arriver à un statuquo signé par les 2 Corées en 1953 et entre 2 et 3 millions de morts civils. La négociation fut facilitée côté russe par la mort de Staline et un changement de gouvernement soviétique.

 

Dans l’état actuel de la documentation d’archives, ni l’URSS ni les USA ne seraient à l’origine de ce massacre, qui donne plutôt l’impression d’un suicide national de la Corée du Nord. Mais 50 milliards de dollars (215 valeur 2010) dépensés par les USA.

 

Nota : la France a peu participé, car déjà embourbée dans la guerre d’Indochine

Vietnam – 1956

La 1ère période de cette guerre est la Guerre d’Indochine. En 1946, la France subit le premier revers de sa politique coloniale de la part du parti communiste vietnamien, le Vietminh. La guerre d’Indochine est une guerre d’indépendance et finira en 1954 avec la chute de Dieng Bien Phu et les accords de Genève. La France quitte la région et l’Indochine est coupée en 4 : le Laos, le Cambodge et les 2 Vietnam qui doivent procéder à des élections en vue d’une réunification.

Mais le dirigeant du Sud les empêche et une force de résistance communiste se développe – les Vietcong – avec l’appui du Nord, de la Chine et de l’URSS. Le Sud est soutenu par les USA sous forme de lutte contre le communisme.

Jusqu’en 1960, les USA se limitent à financer la guerre mais interviennent ensuite jusqu’en 1975.

Crise des missiles de Cuba – 1959

En 1959, Fidel Castro renverse le dictateur Batista et se lance dans une politique « communiste », nationalisations… Au début, les USA l’acceptent, mais en février 1960, l’Union soviétique signe un accord commercial avec Cuba. La politique économique devient défavorable aux intérêts américains. Représailles.

Le débarquement de la baie des Cochons est une tentative d’invasion militaire de Cuba par des exilés cubains soutenus par les États-Unis en avril 1961. Leur objectif était de renverser le nouveau gouvernement cubain. Echec total. Humiliation des USA.

Cuba se rapproche officiellement de l’URSS. Les USA installent des missiles nucléaires en Turquie et en Italie en novembre 1961, puis déclarent un embargo économique en janvier 1962.

L’escalade amène à la crise des missiles de Cuba du 14 octobre au 28 octobre 1962. L’URSS était en train d’installer des missiles nucléaires dirigés vers les USA. Projet découvert, les négociations se soldent par un retrait des missiles par l’URSS en échange d’un retrait des missiles nucléaires américains installés en Turquie et en Italie, et promesse des États-Unis de ne plus jamais envahir Cuba.

Humiliation de l’URSS.

Tchécoslovaquie – 1968

Mort de Staline en 1953, déstalinisation favorisée par une croissance forte de 7%, mais le régime totalitariste persiste : censures, économie planifiée, répression des opposants…Le régime est contesté en interne par Dubçek, que Brejnev nomme à la tête du pays. Les premières réformes arrivent à partir de 1967 vers un socialisme à visage humain. Il reforme avec prudence par rapport à l’URSS, mais la démocratisation du système dont la liberté de la presse et la bascule progressive d’une économie planifiée vers une économie de marché va faire apparaitre ouvertement des critiques contre l’URSS. Ce mouvement est salué par la Hongrie.

Brejnev est inquiet et envahit Prague en aout 1968 avec les troupes de 5 autres pays de l’Est : 90 morts, des centaines de blessés et « retour à la normale ». Dénonciations internationales y compris la Chine mais Brejnev durcira le régime et l’erreur sera reconnue en 1989.

Afghanistan – 1978

Depuis 1919, existent des revendications territoriales pour intégrer les populations pachtounes du Pakistan et ainsi avoir un accès à la mer d’Arabie.

La suite récente : un résumé en 4 étapes, non pas pour retracer l’histoire de l’Afghanistan mais pour préciser les interventions respectives des USA/OTAN et Russie/URSS.

1- En 1978, commence une guerre civile interne entre nouveau parti réformiste communiste – plutôt d’obédience marxiste et donc vues d’un bon œil par Moscou – et opposition islamique, avant même l’intervention de troupes extérieures.
Carter intervient en 1979 en soutenant les islamistes contre le régime communiste de Kaboul.
L’URSS ayant peur que la contestation religieuse ne s’étende – avec l’appui soupçonné de l’Iran envahit le pays : maintenir le calme en Asie Centrale.
L’armée rouge contrôle les grandes villes.
L’opération est condamnée par l’ONU en 1980 et les USA boycottent les JO de Moscou de 1980…l’URSS boycottera les JO de Los Angeles de 1984.

2- Vive résistance nationale afghane moudjahidine, une Alliance islamique soutenue par la CIA, les USA et l’Occident regroupe les résistants dans les montagnes et s’approvisionne en armes via le Pakistan. Alors qu’un traité d’occupation est signé entre Afghans et Soviétiques.
Pendant 3 ans, les soviétiques avec l’appui d’unités baltes et ukrainiennes vivent leur « Vietnam » contre les forces du commandant Massoud, qui occupent 80% du territoire.
Après cessez-le-feu non respectés et percées militaires réciproques sans résultats majeurs, Gorbatchev retire ses troupes en 1989 après les accords de Genève entre Afghanistan et Pakistan et la mise en place d’un gouvernement communiste. Cette défaite sera un élément symbolique qui accompagnera la chute de l’URSS.
Les USA auront dépensé 3,3 milliards de dollars.

3- Pour autant, cela n’arrête pas la guerre civile qui continue.
D’un côté, l’URSS continuera de dépenser entre 2 et 6 milliards de dollars par an pour aider le gouvernement communiste en place. Mais en 1992, la Russie en pleine crise économique après le démantèlement de l’URSS n’a plus les moyens d’un soutien financier.
De l’autre côté, les rebelles conservent l’appui des USA. Mais après un échec militaire majeur du gouvernement rebelle provisoire et la dissension au sein de leurs troupes, ils font face au revirement américain qui décide de ne plus apporter leur aide au gouvernement rebelle provisoire mais directement aux commandants rebelles.
En avril 1992, les différents groupes de moudjahidines prennent Kaboul et l’état islamique est proclamé, dirigé par Massoud.

4- Les tensions internent subsistent et les talibans soutenus par le Pakistan prennent le pouvoir en 1996. Ils repoussent les moudjahidines sunnites et chiites rebelles au gouvernement dans le NE du pays. Le Conseil de sécurité de l’ONU vote à l’unanimité une résolution intimant les factions afghanes à ne plus « héberger et entraîner » des terroristes, et de faire« cesser le trafic des drogues illicites ».Les USA imposent des sanctions pour lutter contre le terrorisme et progressivement, tous, y compris le Pakistan, les EAU, coupent leurs liens avec le gouvernement taliban.

Attentats du 11 septembre 2001
Intervention de l’OTAN comme guerre contre le terrorisme.
La Russie n’intervient pas. Le gouvernement taliban est renversé.
Les forces militaires FIAS contrôlent la sécurité du pays mais s’opposent aux talibans. Elles se retirent en 2014. Les forces américaines restent jusqu’en 2021. Les talibans reprennent le contrôle du pays.

Kosovo – 1999

La Yougoslavie a six Républiques, cinq nations, quatre langues, trois religions, deux alphabets et un seul parti.
Mort de Tito en 1980.

Les républiques de Serbie (1991), Slovénie (1991), Croatie (1991), Macédoine (1991) Bosnie-Herzégovine (1992) Monténégro (2006) malgré l’union provisoire avec la Serbie, déclarent successivement leurs indépendances. Conflits entre 1991 et 1995, et jusqu’en 2001 en Macédoine. La Yougoslavie a vécu….

Par contre, Milosevic supprime l’autonomie de la région du Kosovo (région autonome de Serbie) en 1989, ce qui entraine la création du PCK, appuyé par l’Albanie. Guerilla féroce pour obtenir l’indépendance mais interventions de l’OTAN contre la Serbie pour éviter un génocide (rumeur infondée d’un plan « fer-a-cheval »). La Russie a critiqué les interventions de l’OTAN non approuvées par l’ONU.

L’indépendance du Kosovo est finalement déclarée en 2008, mais pas encore totalement reconnue.

Syrie – 2011

Lors du Printemps de Peuples, des révoltes se développent aussi en Syrie en 2011 contre Bachar El Assad. Une armée syrienne libre se crée – essentiellement des musulmans sunnites – pour coordonner les opposants. Face au désastre, l’UE et l’ONU veulent intervenir mais véto de la Russie et de la Chine.

Simultanément, les djihadistes attaquent le clan de Bachar El Assad mais ne fusionnent pas leurs forces. On a alors plusieurs conflits qui démarrent en parallèle jusqu’en 2016.

1- Coté rebelles

Echec du plan de paix en 2012. Les cessez le feu sont ignorés.
Usage du gaz sarin en 2013.La résolution de l’ONU adoptée à l’unanimité pour détruire les stocks de gaz chimique ne sera pas appliquée.
En 2016 l’armée syrienne attaque Alep, épicentre du conflit où résident rebelles mais aussi les kurdes. Ceux-ci gagnent à El Hassekeh. Ceci provoquera la fusion des conflits.

2- Coté terroristes

En 2012, l’Etat Islamique déborde de l’Irak et s’empare de l’Est de la Syrie puis succès au Nord et prise de Mossoul. Les kurdes se défendent et deviennent le principal adversaire de l’EI.
2014 : La coalition occidentale mène le combat contre les terroristes et soutiennent les kurdes avec succès.
En 2015, les terroristes se développent en Turquie ce qui entraine sa rentrée en guerre. La France les accompagne., la Russie aussi mais pour défendre implicitement le régime de Bachar El Assad…..
En 2016, l’armée syrienne reprend Palmyre contre Daech

3- Simultanément, en Turquie

2016 : le PKK provoque un attentat à Ankara, la Turquie bombarde les kurdes et rentrent dans le conflit global avec l’opération « Bouclier de l’Euphrate : elle attaque à la fois les kurdes et Daech.

Les 3 conflits n’en deviennent plus qu’un seul mais les forces en présences se battent les unes contre les autres selon leurs motivations instantanées. Efforts de trêve, cessez-le-feu en 2016 puis 2017 et reprises de combats s’enchainent. Les USA et la Russie s’accusent mutuellement.

Après l’utilisation de gaz sarin par la Syrie, les USA ne se limitent plus au combats contre les terroristes mais détruisent une base aérienne syrienne.
En mai 2017, les troupes syriennes et la coalition priorisent leurs efforts et repoussent enfin l’EI. La Syrie serait presque libre de Daech en octobre. Le régime syrien se reconcentre alors sur les rebelles, aidés par les turcs au nord qui font face aux kurdes. Des victoires s’enchainent mais d’autres groupes djihadistes sont actifs au sein des rebelles. Pour éviter un exode massif vers la Turquie, une zone tampon autour d’Idlib est alors créée avec succès par la Turquie, la Russie et la Syrie.
Les efforts de l’armée syrienne continuent : les derniers bastions de Daech et des djihadistes tombent. Les USA retirent leurs troupes. La Turquie attaque les milices kurdes pour permettre le retour des réfugiés syriens.
Mais la Syrie continue l’offensive autour d’Idlib, ce qui provoque – comme attendu – des exodes massifs vers la Turquie.
La tension monte entre la Turquie et Moscou. Elle réplique sur l’armée syrienne et accuse la Russie.
Cessez le feu.

Le Covid lui aussi entre en guerre en 2020. Crises économique, sanitaire et financière, misère, révoltes populaires, suivies de sanctions américaines. L’aide humanitaire met du temps pour s’organiser après un veto de la Russie et de la Chine concernant leurs modalités.

En 2021 : les parties s’accordent pour rédiger une nouvelle constitution.

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