Quand j’ai voulu faire les tranchefiles byzantines sur une reliure médiévale, je n’ai pas trouvé les bons diamètres de septains qui servent de batonnet pour la broderie byzantine. Alors après quelques recherches sur les méthodes utilisées par les cordeurs, je me suis lancé.

A quoi sert du septain ?

Le septain est un type de cordage bien particulier utilisé avant tout en levage, manutention et en marine. Sa structure est faite d’une âme et de 6 torons enroulés/torsadés autour de l’âme. Cela lui donne une résistance forte mais aussi une très grande souplesse.

En reliure, on l’utilise surtout au Moyen Age pour servir de nerfs et donc ils sont indenspensables en restauration. Mais on les utilise aussi de nos jours même si les nerfs sont la plupart du temps en lanières de cuir.

Le septain est donc bien différent des autres cordelettes ou cordes que l’on trouve souvent avec 3, 4 ou 5 torons, tressés ou pas. Et même sur les sites de reliure, les photos des soi-disants septains ne donnent pas une telle description. Dans le doute…

Peu de fabricants français exisent et sans faire de publicité, on retrouve les corderies Gautier, Palus, Godet, que j’ai contactés, tous très sympatiques mais qui ne démarrent qu’à partir de 5 mm de diamètre et pour des longueurs de bobines souvent de 25 ou 100 mètres. Un seul cordeur les vend au mètre mais pas en petit diamètre. Or, il nous faut du 3, 3 1/2 ou 4 mm maxi et rien qu’avec 10 mètres, on en fait des tranchefiles!…

Plusieurs sites Youtube donnent des explications sur les méthodes de fabrication historique, ou contemporaine, industrielles.
Quelques sites amateurs dont plusieurs en russe, mais le plus simple pour iagiber comment réaliser soi-même sans fabriquer des pièces mécaniques complexes est celui de la Ferme de Woimbey dans la Meuse. Qui aurait pu s’en douter ?

Pour 1,5 m de septain final de 3,5 mm de diamètre

– 2 m de ficelle de chanvre 0,8-0,9 qui va servir d’âme
– pour chacun des 6 torons, 5 m de fil de lin 0,6
– 1 gabarit avec trou central et 6 trous pour les torons

Sur la photo, on a l’impression que le septain est tressé. C’est faux. C’est l’impression donnée par l’hélice de chacun des torons.

Construction de chacun des torons

Passer un crochet ouvert dans l’une des boucles
Le mettre dans une perceuse
Tourner – sens horaire- en s’assurant de bien répartir l’hélice du torsadage sur toute la longueur du fil et sans le mélanger avec les autres boucles bien sûr, jusqu’à une maille assez serrée
Defaire le crochet du mandrin, le fixer sur une planche préparée avec 6 trous en étoile

Préparation de chacun des torons

Plier les 5 m en 2 pour faire une boucle de 2,5 m
Accrocher un bout sur un crochet ouvert
Faire un noeud à l’autre bout
Le passer dans un des trous du gabarit
On obtient ainsi 6*2 fils en boucle qui traversent le gabarit

Rajouter enfin la ficelle qui sert d’âme centrale dans le trou central du gabarit et la fixer aux 2 extrémités. L’extrémité sur la planche “en étoile” doit rester souple mais tendue car lorsque l’on va torsader la corde, elle va se raccourcir mais pas l’âme centrale. Il faudra donc la retendre régulièrement.

Conformément à la vidéo Youtube, on va commencer à tourner le crochet en avançant progressivement le gabarit. Sur la photo le crochet est vissé – on ne peut pas le tourner – et donc je l’ai défait de la planche et mis dans le mandrin d’une perceuse, toujours en gardant les fils tendus.

Puis tourner à la main lentement le mandrin, pas besoin de la perceuse qui tournerait trop vite – en sens inverse des torons de tout à l’heure : anti horaire – 

Le gabarit peut avancer lentement de lui-même mais il faut le controler pour assurer une torsade régulière. Attention à ne pas le lacher sinon, tout se déroule….

Globalement, la corde se raccourcit. Laisser avancer l’établi sur lequel est fixée la perceuse. Retendre l’âme centrale

 

Et on va jusqu’au bout.

On défait prudemment les crochets.

Dans la vidéo Youtube, on les voit faire un noeud pour éviter que la corde ne se détoronne. En reliure, on devra couper des petites longueurs, j’ai donc pris l’option d’encoller les extrémités à l’Elasta N et j’ai passé tout le septain à la tylose épaisse.

Très souple, parfait

Je garde mes planches et mon gabarit pour la prochaine fois. Quand on est tout seul, on fait de petites longueurs car avec les 2 bras on doit tourner le mandrin de la perceuse et en même temps faire avancer le gabarit…

#

Aucun commentaire

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *